Quelles réflexions vous inspire l’évolution de notre société ?
J’aime beaucoup que ce genre de question me soit posée par un petit groupe de jeunes gens, âgés de moins de trente ans, appartenant à la petite minorité profondément catholique, qui prie, adore, fréquente les sacrements, se forme et agit, autant que faire se peut. Ils appartiennent à ce « petit reste » voulu et soutenu par notre Dieu pour maintenir notre espérance.
Et je suis frappé par la facilité de nos échanges, fructueux en dépit de la différence d’âge. Peut être parce que ma génération a été, elle aussi, confrontée à un combat difficile, quand régnait dans notre clergé cette « connivence » avec le marxisme, selon la formule employée par Mgr Decourtray près de trente ans plus tard. J’explique à ces jeunes que j’ ai assisté au virage « gauchiste »de mai 68 et rapidement compris que la nouvelle idéologie était encore plus dangereuse pour les esprits que l’idéologie communiste. Tout d’abord elle s’installait dans un contexte économique de croissance et de consommation, ce qui favorisait le matérialisme pratique et l’individualisme. Et elle menait, avec le concours empressé de la sphère médiatique, un travail de destruction de l’ordre naturel, avec comme cibles privilégiées, le père, le mariage, la famille, la vie elle-même, annonçant le triptyque de base : contraception, avortement, euthanasie.
La classe politique, majoritairement habitée par le désir de la réélection, a largement participé à cette décadence morale et culturelle, et le clergé, pour des raisons diverses, n’ a ni mobilisé ni soutenu les laïcs décidés à résister, comme il aurait dû le faire. Le résultat est là : une déchristianisation profonde, une banalisation du concubinage, de l’avortement, du divorce et de l’homosexualité, des addictions de toutes sortes qui provoquent de nombreux drames familiaux et sociaux.
Chers Jeunes, vous me demandez : « Où en sommes-nous, de cette évolution? « A mon avis, notre chère patrie est dans un triste état, désunion profonde des citoyens, appauvrissement des projets de vie, résignation triste face aux difficultés. Pourtant, je parcours suffisamment le pays pour savoir qu’il y a partout des personnes de qualité, des prêtres qui font un travail pastoral admirable et fécond, des conversions étonnantes et édifiantes, ici et là, des signes de renouveau spirituel.
Mais je pense néanmoins qu’il faudra un électro choc pour déclencher cette remontée que Marthe Robin m’a annoncée. Le questionnement du petit groupe rebondit immédiatement : » Est-ce l’Islam qui va jouer ce rôle de déclencheur ? » Je leur réponds que je viens de prendre connaissance d’une étude sociologique faite sur les Musulmans vivant en France. D’après cette étude, une petite moitié de la population d’origine musulmane veut continuer à s’installer sans heurt dans notre société et vivre à la française. L’autre moitié souhaite l’islamisation de notre pays, pacifiquement pour les uns, violemment pour les autres. La jeunesse est davantage représentée dans le camp de la violence et elle fait souvent ses premières armes dans la petite et grande délinquance. Les partisans du djihad savent que les attentats ne déstabiliseront pas le pays. Ont-ils les moyen de lancer une offensive de grande envergure, style guérilla urbaine multipolaire? De la réponse à cette question dépend la réponse à la vôtre.
Père Y. Bonnet