L’école et les exigences du monde du travail (2). Esprit d’équipe et autonomie.

La coopération permanente : acquérir l’esprit d’équipe.

De plus en plus, le travail requiert la pluridisciplinarité, l’association d’expertises très diverses, la coopération permanente. L’individualisme, pourtant grandissant dans la société et déjà dans la famille, est de moins en moins concevable et acceptable dans le monde du travail. La qualité dite qualité totale, la recherche de la minimisation des risques, la compréhension des évolution des goûts et des tendances ( pensons que Bill Gates, concepteur de Microsoft, affirme que désormais la différence concurentielle ne se fera plus au niveau de la qualité, accessible par tous, mais au niveau du désign ), tout cela exige le travail en équipe.

Là encore, nous voyons bien que cet esprit d’équipe passe par l’apprentissage de l’expression et par celui, trop négligé, de l’écoute. Il commence par une pratique claire de sa propre langue, avant même de parler de langues étrangères. Celui qui ne sait pas clairement s’exprimer, qui est incapable de faire un compte-rendu accessible, de transmettre des consignes sans équivoque, de comprendre ce qu’on lui dit ou ce qu’il doit lire, est aujourd’hui en grand danger dans le monde du travail.

L’école doit être un lieu où l’on a appris à s’exprimer clairement, sans ambiguïté, à comprendre ce qui est écrit et non pas à réagir émotionnellement sans prendre le temps de réfléchir, à écouter réellement avant de commencer à interpréter. Il s’agit bien d’un apprentissage à la fois intellectuel et moral, car la maîtrise de ses émotions et de ses passions est nécessaire pour entendre vraiment ce que l’autre veut me communiquer. Une bonne gestion des émotions aide à une future carrière professionnelle. Voir Eduquer en tenant compte des conditionnements et des caractères

Par ailleurs, l’esprit d’équipe suppose de savoir travailler avec les autres, avec tout ce que cela impose de contraintes et de règles du jeu. Le travail en équipe, c’est la reconnaissance d’un chef ou tout au moins d’un objectif qui ne soit pas lié à une reconnaissance personnelle. C’est l’oubli de soi au bénéfice d’un projet commun. Les notions de base de la Doctrine sociale de l’Eglise permette cette coopération permanente selon un fonctionnement efficace et qui correspond autant à l’expérience du terrain qu’aux exigences de la charité. Si les jeunes sont dès l’école initiés au principe de subsidiarité, à son application dans le rapport avec l’autorité, ils seront plus à même de travailler dans le monde de l’entreprise avec un comportement véritablement adulte et chrétien. voir Autorité et principe de subsidiarité.

C’est pourquoi, pour préparer au monde du travail, l’école chrétienne devrait introduire des cours de caractérologie et de gestion des émotions, ainsi que des cours de Doctrine Sociale. Les professeurs bien formés dans ces deux domaines pourraient mieux aider les élèves dans les exigences du travail personnel et du travail en équipe.

Autonomie.

Il est exclu de contrôler le travail de chacun en temps réel. De cette erreur vienne les révoltes  (légitimes) des employés sous pression, soumis à des supérieurs tatillons persuadés de devoir tout contrôler avant, pendant et après. De là viennent les impressions de perte de confiance et de tyrannie, indépendamment de la qualité du rapport humain immédiat. Certains  » contrôleurs en temps réel » le font avec bonhommie et désir du travail bien fait, mais sans laisser justement aucune autonomie à leur subordonné…

En réalité, pour chacun existe des plages de temps où il travaille en auto-contrôle, où l’imprévu doit déclencher une initiative, une décision. Jamais les consignes ne peuvent tout prévoir et c’est justement tout l’art du bon chef que de déléguer. L’autonomie n’est pas l’indépendance, mais elle est une forme de coopération réfléchie. Elle ne consiste pas à faire ce que l’on veut quand on veut mais plutôt ce que l’on doit, comme on veut…à l’exception de ce qui est interdit.

Il est clair que l’école doit être un lieu de l’apprentissage progressif de l’autonomie. Nous retrouvons les deux connotations habituelles. L’autonomie exige un apprentissage intellectuel : il faut apprendre à analyser un imprévu, à prendre une décision, à faire un compte rendu de l’événement. de ce fait, l’autonomie est une prise de risque, elle conduit à l’acceptation et à la gestion des responsabilités. Elle est donc formatrice et positive pour la personne comme pour l’entreprise.

On peut donc dire que la modernisation du travail a favorisé le renforcement des exigences supportées par les salariés, particulièrement en ce qui concerne rigueur et adaptibilité, esprit d’équipe et autonomie. Ces exigences demandent à la fois apprentissage et éducation morale. L’école, dans le cours normal de la transmission des savoirs, peut contribuer à y préparer la jeunesse qui lui est confiée.

P. Y. Bonnet

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