La contraception

Humanae vitae, 1968

Juste avant les évènements de mai 68, je faisais avec mon épouse une retraite de deux jours dans une maison religieuse ad hoc. C’était une retraite pour foyers et il y avait une majorité, pour ne pas dire une quasi-totalité de couples appartenant aux équipes Notre Dame. La quatrième et dernière demi-journée, le prédicateur abordât le problème de la contraception. L’Encyclique « Humanae vitae » était déjà élaborée mais non encore signée (elle le fut le 25 juillet 68) et Paul VI avait sollicité l’avis des conférences épiscopales et de nombreux théologiens, philosophes et autres.

Le prédicateur, jésuite de son état, connaissait donc la position de Paul VI, que celui-ci malgré tous les avertissements maintint moins de trois mois plus tard. Dans la salle, il y eut instantanément une rupture pratiquement 50/50 et le prédicateur se rangea dans les opposants à Paul VI.

Evolution des catholiques fidèles à la position de l’Eglise

Aujourd’hui les catholiques, fidèles à la position de l’Eglise, ne sont plus la moitié mais, sur le fond, leur position s’est paradoxalement consolidée car les arguments en faveur de la régulation naturelle se sont étayés et dans tous les domaines : solidité du couple, fiabilité des méthodes naturelles, arguments anthropologiques liés au « mode d’emploi de l’homme » mais aussi théologie de Jean-Paul II sur le caractère « trinitaire » de l’union conjugale etc.

Chères femmes libérées…

La contraception est, en apparence, irrésistiblement installée dans la société de consommation car elle a permis la « libération de la femme ». Cela m’aide beaucoup à aborder le problème aussi bien publiquement que dans la préparation au mariage de couples… qui cohabitent.

Je n’ai aucune peine à démontrer aux jeunes filles, jeunes femmes et moins jeunes, que la libération de la femme est une gigantesque désinformation : la contraception a clairement libéré l’homme de toute responsabilité. Il peut coucher avec n’importe quelle femme, à elle de se débrouiller, elle a la pilule, celle du lendemain, le stérilet, l’IVG etc. etc. Et les pépins de santé, c’est encore elle. Et la banalisation des rapports sexuels, qui favorise la baisse de la libido, la routine et pousse à l’infidélité et à la rupture des couples, c’est encore elle, sociologiquement parlant, qui assume le plus de pression. Beaucoup d’hommes sont totalement immatures du fait de la contraception féminine. Chères femmes libérées, ne vous étonnez pas d’avoir du mal à trouver de vrais pères pour vos enfants et de vrais époux pour vous. cf art Etre père aujourd’hui, est-ce plus difficile qu’autrefois.

L’évolution d’un prêtre, le P. Michel Seguin en faveur d’Humanae Vitae

A mon avis, il ne faut pas négliger ces arguments qui ne relèvent pas de la théologie ou de la morale catholique mais simplement d’une connaissance profonde de la personne humaine. Michel Seguin, prêtre canadien, a sincèrement cru que Paul VI avait fait une erreur. Il a expliqué que c’était des couples, pas tous chrétiens convaincus, qui lui avaient fait découvrir que la contraception n’est pas bonne pour l’amour, authentique, solide dans la durée. C’est pourquoi il a, postérieurement à cette expérience pastorale, repris l’étude du problème, fait une thèse de doctorat à la grégorienne (à Rome) et publié en 94 (un livre, heureusement réédité depuis) l’ Eglise et la Contraception (éditions Paulines). Depuis nous avons la publication des catéchèses de Jean-Paul II (Homme et femme Il les créa, Cerf 2004) et la synthèse qu’en a faite Yves Semen (La sexualité selon Jean-Paul II, Presses de la Renaissance 2004).

Expliquer cela aux jeunes filles : pas de risques de tomates sur la figure !

Je n’ai donc pas une once de pessimisme et je pense au contraire que le temps travaille pour nous ! Il faut tranquillement expliquer aux jeunes filles que la contraception fait d’elles un objet de … consommation sans risques pour mâles immatures. Je le fais et je ne reçois jamais de tomates avariées sur la figure, ce qui au demeurant ne serait pas catastrophique.

Ils sont loin d’être en nombre négligeable les psychologues agnostiques qui n’hésitent pas à dire que la maîtrise de soi est à favoriser dans l’éducation des adolescents et que c’est elle qui fera reculer le SIDA, alors que l’état passionnel favorise… le risque de la contamination. Comme l’écrit Isabelle Ecochard, médecin de son état, dans sa maîtrise des Sciences de la Famille (Université Catholique de Lyon, novembre 2003) ce sont deux anthropologies qui s’affrontent à propos de la planification familiale et l’état de la « société dépressive », selon la formule d’Anatrella, nous montre à loisir laquelle est la bonne pour l’homme.

Comme disait Jean-Paul II : la maîtrise de soi est l’indice d’une véritable liberté humaine.

Comme disait Jean-Paul II : « la maîtrise de soi est l’indice d’une véritable liberté humaine. Et nous parvenons à cette maîtrise… en canalisant sciemment et librement ces instincts naturels de l’esprit et du corps dans des actions qui approfondissent notre humanité par ce qu’elles sont conformes aux choses telles qu’elles sont ». La morale permet le bonheur parce qu’elle nous incite à respecter le « mode d’emploi de l’homme » selon l’expression d’un certain Joseph Ratzinger, en date de 1985.

 

P. Y. Bonnet
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