Dieu, modèle et maître du principe de subsidiarité.

Dans sa dernière encycli­que, Caritas in Veritate, le pape Be­noît XVI insiste beaucoup sur le respect du principe de subsidiarité. Que faut-il en penser ? Quelle st la base, la source de ce principe ?

Il ne s’agit pas d’une mode mais d’une notion première.

Le principe de subsidiarité, comme le terme même de principe nous le signale, doit s’imposer à nous comme une notion première, indépendante du temps, non sujette aux modes et aux humeurs. Il consiste à dire que dans toute organisation humaine, les actions doivent être pilotées au niveau hiérarchique le plus bas où elles peuvent l’être légitimement, compte tenu de la compétence des pilotes et dans le respect des objectifs de bien commun.

Pour qu’une action puisse être pilotée, nous l’avons déjà dit dans plusieurs de nos articles sur le même thème, il faut que le pilote en ait le pouvoir, c’est-à-dire à la fois la capacité et l’autorisation. Pour que cette action reste pertinente et serve le bien commun, il faut que le pilote connaisse, et cela ne peut venir que de son supérieur, la direction dans laquelle il doit aller, les progrès à promouvoir, les limites à ne pas franchir. Seul, un supérieur faisant autorité peut donc se permettre de déléguer des pouvoirs, dont il fixe les frontières en même temps qu’il indique les finalités à atteindre. Le pouvoir que l’on reçoit ainsi n’est pas de faire ce que l’on veut, mais ce que l’on doit comme on veut, sauf bien sûr ce qui est interdit.
Une notion qui prend sa source dans la façon de faire de Dieu.

Le maître du principe de subsidiarité est, de façon évidente, Dieu lui-même. Il nous commande d’aimer, c’est le bien commun, comme on veut et c’est pour cela qu’Il nous a donné le libre arbitre, en interdisant ce qui est mal (tuer, voler, mentir, nous servir de l’autre comme d’un objet, etc.). C’est à l’exemple de ce maître bienveillant que l’Église a inscrit ce principe de subsidiarité comme l’un des principes incontournables de sa doctrine sociale.

Ne pas confondre autorité morale et centralisation.

Ce principe va à l’encontre de tous les modes d’organisation centralisée, où les pouvoirs sont concentrés en haut, ce qui est le signe de l’absence de confiance et d’autorité morale. Le Pape, même si certains ont volontairement confondu autorité morale et gouvernement mondial, affirme que le monde a besoin d’une autorité morale et spirituelle, celle de l’amour dans la vérité, et d’une décentralisation des pouvoirs pour une application efficace et pertinente. Et donc surtout pas d’un gouvernement mondial !

La délégation des pouvoirs, un risque à l’image de la vie et de l’amour.

L’habitude de l’application du principe de subsidiarité doit se donner, dès l’âge de raison, dans la famille et dans l’école. Elle doit se poursuivre dans le monde du travail par la pratique systématique de la délégation des pouvoirs. La délégation est un risque, bien sûr, à l’image de la vie et de l’amour. La vertu de prudence ne consiste pas à fuir le risque mais au contraire à le prendre de façon raisonnée. En donnant le libre arbitre à des créatures intelligentes, le Seigneur a pris le risque… d’être aimé par elles éternellement. N’ayez pas peur, n’ayons pas peur de L’imiter. La crise actuelle a des causes multiples et l’esprit du mal y a travaillé avec ses serviteurs zélés, mais il a trouvé des alliés dans ceux qui pratiquent la centralisation, l’absence de transparence, la méfiance, sans se rendre compte qu’ils font le jeu du Mauvais. Seigneur, délivre-nous du Mauvais, mais éclaire également tous ceux qu’il aveugle et qui ne s’en rendent pas compte.

P. Y. Bonnet

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