Catéchèse en collège-lycée « catholique ».

Faut-il continuer à faire de la catéchèse en sixième dans un établissement   « catholique » ?

Un couple de grands-parents, dévoués depuis des années au service d’un lycée-collège, où sont passés plusieurs de leurs enfants, s’investit chaque année dans la catéchèse de la classe de sixième. C’est ce couple qui me pose la question. Leurs raisons de s’interroger ne manquent pas : aucune relève ne se manifeste dans la génération des parents, les tranches horaires qui leur sont attribuées sont chaque année un peu plus rognées, les jeunes préadolescents qui leur sont confiés sont de niveaux et de motivations totalement disparates, et la direction de l’établissement semble très peu concernée. Le constat fait par ce couple, des dizaines d’autres l’ont fait et pour la plupart ils ont carrément abandonné leur service bénévole de catéchèse, dès que leur dernier enfant a quitté le lycée, avec l’argument tout à fait légitime que c’était au tour des parents de s’y investir. En discutant avec ce couple ami, il est apparu très clairement qu’il ne peut plus être question de catéchèse que pour une infime minorité d’élèves. Pour la majorité, il conviendrait de consacrer le temps imparti à une évangélisation, démarrant pratiquement de zéro. Encore faudrait-il obtenir des parents et des jeunes un engagement ferme et respecté, assorti de sanctions allant jusqu’à l’exclusion en cas de non-respect. Il me semble que la loi Debré reconnaît le caractère propre de l’enseignement catholique sous contrat.
Une fervente évangélisation.

Un établissement de l’enseignement catholique ne devrait pouvoir garder sa qualification de catholique qu’en acceptant comme bénéficiaires de ses services que des parents désireux, ou du moins ouverts à l’idée que leurs enfants soient  catéchisés, ou selon leur degré d’investissement personnel, évangélisés. Il est donc malhon­nête de qualifier de « catholique » un établissement qui ne propose pas aux familles clairement l’engagement de leurs enfants dans la voie d’une fervente évangélisation et, pour les plus motivés, celle d’une réelle formation catholique de bon niveau qui leur donne accès aux trésors du magistère et de la foi de l’Eglise. Au passage il est clair que, tant l’évangélisation qu’une vraie catéchèse devraient s’appuyer sur un enseignement anthropologique chrétien pour que tous les élèves reçoivent une formation à ce que Joseph Ratzinger appelait, dès 1985, dans ses entretiens avec le journaliste italien Vittorio Messori, le « mode d’emploi » de la personne humaine qui permet de respecter l’ordre naturel.

Créer les conditions d’une maturité affective et intellectuelle.

Parallèlement une quantité toujours plus grande d’adultes commence à penser qu’il est urgent de séparer les garçons et les filles pour éduquer et instruire les uns et les autres. On leur permettrait ainsi d’atteindre une maturité et une structuration solide dans leur sexe respectif, avant de leur fournir l’occasion de découvrir la richesse de la complémentarité homme-femme, dans une coédu­cation, qui vient à son heure. Mes interlocuteurs confirment, de leur longue expérience de catéchistes, que la non-séparation garçons-filles empêche toutes les bonnes questions d’être posées, par les uns comme par les autres, ne serait-ce qu’en raison du regard de l’autre justement. À cet âge et pendant les quelques années suivantes les questions, que l’on peine souvent à arracher quand garçons et filles sont mélangés, ont toutes les chances d’être insignifiantes ou sottement provocatrices.

La catéchèse en collège-lycée, et la catéchèse en milieu catholique : d’autres propositions catéchétiques.

Je suis, pour ma part, convaincu qu’il serait possible de lancer le mouvement en prouvant que son application est possible : choisir dans chaque diocèse un premier établissement où l’on ferait le choix d’une catéchèse solide pour les uns, et  d’une fervente évangélisation pour les autres autres, ainsi que la séparation des sexes au collège voire jusqu’en seconde.

Je suis convaincu également qu’il existe, notamment dans la génération, appelée souvent génération Jean-Paul II ou JMJ, des enseignants, hommes et femmes, qui adhéreraient à un tel projet. Des pays autres que la France commencent à se rallier à de telles solutions.

La Fille aînée de l’Église sera-t-elle la dernière à tourner le dos à toutes les sottises soixante-huitardes et à toutes les modes malfaisantes qui ont été instaurées à l’époque ? Dieu veuille que ce ne soit pas le cas. Il y a une vitalité nouvelle en catéchèse des jeunes, un renouveau qui passe par les paroisses, les communautés, les aumoneries…le milieu  » catéchisant » ne se réduit pas aux collèges-lycées et tend à sortir du monde scolaire ( en travaillant en lien avec lui) pour ouvrir des perspectives : pélerinages diocésains, JMJ, camps d’évangélisation, servants de la Liturgie…Si des collèges-lycées ne sont plus un véritable « milieu catholique », les jeunes peuvent trouver d’autres milieux catholiques fervents et porteurs, à commencer par la paroisse. Quand le monde scolaire et le monde de l’éducation sont réellement catholiques, ils portent des fruits d’évangélisation. Quand ce n’est plus le cas, on peut s’interroger sur le fait d’investir les forces-vives de l’évangélisation dans le monde scolaire : c’est la question que se sont posés les catholiques de Taïwan avec leurs évêques, constatant un nombre croissant de jeunes non-catholiques présents pour la qualité exceptionnelle de l’enseignement catholique, respectueux, mais peu interessés par la Foi et ne se convertissant pas au bout de tout un cursus de catéchèse poliment écouté durant leurs années d’éducation en collège-lycée catholique. Un certain nombre de congrégations ont donc opté pour laisser les tâches éducatives à proprement parler aux professionnels et même à l’état et ont décidé de se consacrer ( c’est le cas de le dire) à l’évangélisation directe des jeunes, par une présence et une identité clairement affichée et une annonce première de la Parole, les thématiques éducatives venant ensuite.





P. Y. Bonnet

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